Détermination
Répartition au Sahara
Dans le Sahara le palmier-dattier est cultivé dans les oasis depuis la préhistoire. Mais il existe aussi des stations de palmiers "sauvages" au long des oueds ou dans les falaises.
Nul ne sait l'origine exacte du palmier-dattier : les uns disent qu'il a été domestiqué en extrème-orient puis importé par les hommes au Maghreb. D'autres disent qu'il existait originellement des palmiers sauvages au Sahara.
On peut penser que chacune de ces hypothèses recèle une part de vérité.
Le fait que le palmier-dattier soit cultivé dans toutes les zones arides d'Afrique et d'Asie est un argument en faveur de la dissémination des meilleures variétés par les hommes.
Mais l'incroyable diversité des races de palmiers-dattiers (plusieurs centaines de variétés recensées en Algérie !) et sa parfaite adaptation aux milieux naturels du Sahara inciteraient à penser que les populations actuelles de palmiers sont le produit de l'hybridation de divers ancêtres sauvages autochtones avec des variétés domestiquées il y 8000 ou 10000 ans par les premières civilisations agricoles.
1) les palmeraies cultivés dans les oasis
{Voir aussi la page "oasis" dans le chapitre "milieux"}
Entre Errachidia et Erfoud, le Ziz a creusé une vallée de 40km dans la hamada. Cette vallée est la plus importante oasis de palmiers-dattiers du Maroc.
L'oasis de Figuig est alimentée en eau par des sources artésiennes qui sont captées puis stockées dans des bassins avant d'être réparties dans l'oasis par un réseau de seguias.
La prospérité de la palmeraie dépend de la qualité de son irrigation.
Palmeraie morte ; le bayoud, un champignon parasite, a dévasté une grande partie des anciennes palmeraies du Tafilalet.
Palmeraie abandonnée à Haroune. Cette parcelle n'est plus irriguée parce que la khettara traditionnelle ne fournit plus assez d'eau. De multiples petits palmiers sans valeur poussent à partir de noyaux.
Les palmeraies d'Erfoud et de Rissani formaient le coeur du Tafilalet. C'étaient autrefois des palmeraies prospères, régulièrement irriguées par les crues du Ziz et cultivées en blé, luzerne et maraichages.
Aujourd'hui d'immenses zones ne sont plus irriguées. Les palmiers survivent en allant puiser en profondeur dans la nappe phréatique salée. Mais le bayoud a tué les meilleures variétés et les palmiers restants produisent des dattes de moindre valeur marchande. Ces zones de palmeraies ne sont plus entretenues et vont vers un déperissement inéluctable.
D'immenses palmeraies industrielles sont en construction sur des dizaines de milliers d'hectares entre Errachidia et Boudnib. Elles sont plantées avec des clones fabriqués in vitro de la variété Majhoul. Elles sont irriguées en goutte-à-goutte à partir de pompages dans la nappe phréatique.
2) les palmeraies spontanées
Les noyaux de dattes sont propagés par les chacals et les chiens errants.
Palmier sauvage en bord d'oued.
Palmeraie sauvage dans le lit d'un oued.
Palmeraie sauvage poussant sur des suintements à mi-pente des gorges du Guir.
3) les palmeraies opportunes
On rencontre souvent des palmeraies qui ne sont pas (ou plus) entretenues par des cultivateurs sédentaires mais dont les meilleurs arbres sont taillés et récoltés par des nomades.
Dans les piémonts saharien du Saghro, il est courant de trouver un ou des palmiers poussant près des sources. Ont-ils été plantés comme repères ou sont-ils spontanés ?
Une autre source avec un bouquet de palmiers dont les troncs ont été bien nettoyés de leurs feuilles mortes pour pouvoir les escalader et en cueillir les dattes.
Difficile de savoir si ces palmiers ont été plantés intentionnellement ou s'il s'agit de palmiers sauvages qui ont été entretenus par des nomades.
Ce gros bouquet de palmiers sur une terrasse du Guir, près de Boudnib est composé d'une majorité de pieds improductifs qui ne sont pas taillés et d'une minorité de pieds productifs qui sont taillés et récoltés chaque automne. Il semblerait que cette palmeraie soit spontanée.
Par contre cette palmeraie dans les gorges du Guir semble être ce qui resterait d'une ancienne oasis aujourd'hui abandonnée.
Tiges / Feuilles
Les feuilles mortes des palmiers sont coupées pour permettre de les escalader.
Un palmier fourchu ; cette malformation est exceptionnelle.
Boutons / Fleurs
Fleurs mâles. Dans les palmeraies spontanées il y a à peu près autant de palmiers mâles que de palmiers femelles et la production de pollen est suffisante pour que la fécondation soit faite par le vent.
Fleurs mâles.
Dans les oasis, les cultivateurs ne laissent que très peu de palmiers mâles (de l'ordre de 1%). Pour que les palmiers femelles soient bien fécondés, les cultivateurs vont accrocher un petit bouquet de fleurs mâles dans chaque régime de fleurs femelles.
Fruits / Graines
Palmier femelle bien fructifié.
Les régimes de dattes sont coupés avec une machette puis jetés sur une toile au sol ou redescendus avec une corde.
Les dattes doivent être bien séchées au soleil pour se conserver.
Usages ethnobotaniques
Le palmier-dattier a une grande variabilité génétique ; dans le Tafilalet plus de 200 variétés ont été reconnues, dont plusieurs dizaines sont exploitées en multipliant les palmiers femelles par repiquage de leurs rejets.
Dans l’économie traditionnelle, la multiplicité des variétés est un avantage. Les dattes sucrées et parfumées qui ne se conservent pas sont consommées en grande quantité par les nomades en octobre après les privations de l’été. Les meilleures dattes qui se conservent sont mises de côté pour le ramadan. Les dattes de qualité moyenne sont compactées dans des caisses ou des sacs pour être à l’abri des insectes ; elles peuvent se conserver ainsi plusieurs années. Si la récolte est bonne, les dattes qui restent des années précédentes servent à fabriquer un sirop, le tarlaout. Les dattes trop dures ou trop fades pour les humains font le bonheur des chèvres.
Dans l’économie contemporaine, les palmeraies gérées pour l'exportation, vers les villes du Nord du Maghreb ou vers l'Europe, sont composées de variétés sélectionnées, au premier rang desquelles la Douglet Nour en Tunisie et en Algérie. Les nouvelles palmeraies du Tafilalet sont plantées presque exclusivement avec des clones de Majhoul, un bon cultivar pour la commercialisation ; mais cette monocuture n’est pas sans risque car les hasards de la génétique ont fait que les meilleures variétés de palmiers sur le plan gustatif sont aussi celles qui sont le plus sensibles à la maladie du bayoud.
Plafond fabriqué avec les troncs et les feuilles de palmier. Ces plafonds ne sont guère durables ; ils s'effondrent après quelques dizaines d'années ce qui entraine une ruine rapide des vieux ksars qui ne sont pas entretenus.
Fabrication de paniers et de couffins en fibre de palmier sur le souk de Rissani.
Les palmes sèches font un excellent bois de feu pour la cuisson du pain dans le four traditionnel en terre.
Références botaniques
Chevalier A., 1930 - Le dattier en Mauritanie.pdf
Chabrolin Ch.,1930 - Les maladies du dattier.pdf
Toutain G., 1965 - Epidémiologie du bayoud.pdf
Toutain G., 1967 - Le palmier dattier culture et production.pdf
IRD, 2010 - Biotechnologies du palmier dattier.pdf
Phoenix dactylifera_Florule des biotopes du criquet pelerin.pdf
